Nous vous proposons un tour de France de ces savoir-faire qui font la richesse de nos territoires.
En région Auvergne-Rhône-Alpes, les arts textiles sont à l’honneur.
Avec, tout d’abord, la splendide dentelle du Puy-en-Velay, répertoriée par le ministère de la Culture, comme patrimoine culturel immatériel français.
Selon la tradition, le point du Puy serait né en 1407, lorsque l’évêque confie à une jeune brodeuse la mission de créer un nouveau manteau pour la statue de la Vierge, à l’occasion du Grand Jubilé de l’Annonciation. Isabelle Mamour imagine alors d’entrelacer les fils des navettes, puis de les attacher avec des épingles, pour obtenir un tissu aux motifs aériens, translucides et vaporeux : la dentelle du Puy-en-Velay. Le succès de ce savoir-faire ne s’est jamais démenti depuis cette période ! Il est à découvrir au Centre d’Enseignement de la Dentelle aux Fuseaux au Puy-en-Velay.
Plus au nord, à la frontière avec la Bourgogne, Charlieu est aussi une ville historique de tissage. La réputation des marchands de toiles de la ville remonte au XIIIe siècle. Au XVIIe siècle, le tissage des toiles de chanvre constitue l’une des activités principales de la ville. Avec l’arrivée du coton, les tisserands de Charlieu créent les toiles dites « beaujolaises » qui rencontrent un vif succès dans toute la France et en Europe.
C’est cette réputation d’excellence qui amène, en 1827, un fabricant lyonnais de soieries, Barthélémy Roux, à installer une activité soyeuse à Charlieu. 50 ans plus tard, le tissage de la soie a supplanté celui du coton. Mais l’électrification de la ville porte un coup d’arrêt à la production, qui ralentit encore après la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, quelques ateliers de très grande qualité subsistent à Charlieu, ils fournissent des soieries pour les ateliers de Haute-Couture et l’ameublement des plus belles demeures dans le monde.
Pour en savoir plus sur cette histoire, rendez-vous au musée de la Soierie de Charlieu.
Au cœur d’une forêt d’épicéa plusieurs fois millénaire du Haut-Jura, découvrez Saint-Claude et ses artisans spécialisés dans le travail du bois !
Tout débute grâce à l’abbaye de Saint-Claude, devenue lieu de pèlerinage à partir du XIe siècle. Les moines bénédictins et habitants de la ville confectionnent des objets de dévotion (chapelets, statuettes…) tournés en bois.
Au XIXe siècle, cette production s’amplifie et atteint son apogée avec l’arrivée de l’électricité au début du XXe siècle. On compte, en 1911, 7 600 artisans tourneurs à Saint-Claude et dans un rayon de 30 kilomètres. À cette période, les objets de piété ont largement été remplacés par les jouets en bois qui font le bonheur des enfants dans toute la France. Ils sont souvent réalisés par des paysans qui occupent ainsi les longs hivers jurassiens et obtiennent un complément de revenus.
Dans le même temps, Saint-Claude est également devenue la capitale de la production de pipes, dès l’introduction du tabac en France au XVIe siècle. Si les premiers tuyaux en buis ou merisiers donnent un goût âcre, à partir du XIXe siècle les pipiers utilisent le bois de bruyère, plus agréable en bouche. La production s’industrialise : plus de 6 000 artisans pipiers œuvrent ainsi à la renommée de Saint-Claude.
Toujours dans l’est de la France, mais plus au nord encore, bienvenue en Lorraine ! La région est particulièrement connue pour sa production de verrerie Art Nouveau, avec l’avènement de l’Ecole de Nancy, à la charnière du XIXe et du XXe siècle. Mais la production verrière a débuté bien plus tôt dans la région.
La cristallerie Saint-Louis, implantée à quelques kilomètres de Bitche, en est un des plus beaux exemples. Née au cœur de la forêt des Vosges, en 1586, elle est la première manufacture de France à mettre au point le cristal au plomb, en 1781. Déjà « Verrerie royale », elle reçoit ainsi l’appellation « Cristallerie » par l’Académie Royale des Sciences. Depuis 300 ans, ce savoir-faire d’exception est resté inchangé à la cristallerie Saint-Louis. Aujourd’hui propriété du groupe Hermès, ses artisans verriers continuer à créer des pièces hors du commun, pour les arts de la table et des luminaires.
Direction, maintenant, la façade ouest de la France, en Normandie et plus précisément dans l’Orne, à la découverte du point de France. Cette dentelle serait née, non pas à Alençon, mais à Argentan, en 1641 !
Inspirée par celle de Venise, cette dentelle normande, d’une grande finesse, est confectionnée à l’aiguille. Elle connaît son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles, en devenant dentelle favorite des cours de France et d’Espagne. Le roi Louis XV en pare sa tenue de sacre, le drap de son lit de mariage, puis finalement toute sa chambre !
Au cours du XVIIIe siècle, cinq manufactures royales, avec privilège, sont installées à Argentan pour produire ce splendide Point royal de France. Aujourd’hui encore, les moniales de l’abbaye Notre-Dame d’Argentan ont l’exclusivité dans l’exercice de ce point particulier.
Redescendons à présent dans le centre de la France, au Nord de la Nouvelle-Aquitaine, à la découverte de la tapisserie d’Aubusson !
Cette production ne s’est pas installée sur les bords de la Creuse par hasard. En effet, les eaux acides de la rivière permettent un meilleur dégraissage des laines et assurent ainsi une meilleure tenue des teintures de couleur. Si l’origine du savoir-faire se perd dans les méandres de l’histoire, les premières tapisseries connues remontent au tout début du XVIe siècle, avec la production des frères Augeraing. L’activité atteint son pic au XVIIe siècle avec la création, par Colbert, de la Manufacture Royale d’Aubusson en 1664. Aux siècles suivants, les plus grands artistes dont Boucher, Watteau puis Picasso ou encore Calder, produisent des cartons pour la Manufacture.
La qualité des tapisseries d’Aubusson ne s’est jamais démentie et ce savoir-faire est désormais inscrit au patrimoine mondial par l’UNESCO. L’ouverture, en 2016, de la Cité Internationale de la Tapisserie d’Aubusson, a donné un écrin superbe à sa promotion.
De l’autre côté du parc naturel régional de Millevache, rendez-vous à Saint-Yrieix-la-Perche, berceau de la porcelaine de Limoges !
En effet, c’est sur cette commune qu’un gisement de kaolin, ingrédient essentiel à la production de porcelaine dure, est découvert dans les années 1760. La France et ses manufactures de Sèvres et Saint-Cloud ne produisent, jusque-là, que de la porcelaine tendre ou biscuit.
Turgot, alors intendant du Limousin, se saisit de cette découverte capitale, pour obtenir l’implantation d’une manufacture royale de porcelaine à Limoges, cité déjà connue pour sa maîtrise des arts du feu depuis le Moyen Âge.
C’est chose faite en 1771 : la production s’implante dans toute la région de Limoges, de Saint-Yrieix-la-Perche au sud à Saint-Léonard-de-Noblat à l’est. Cet or blanc devient une manne pour la région, qui connaît un développement industriel dès le début du XIXe siècle et assoit sa renommée dans le monde entier.
Pour en savoir plus sur le savoir-faire et l’histoire de la porcelaine, ne manquez pas la visite du musée du Four des Casseaux.
Franchissons maintenant la Garonne, en quête des savoir-faire du Sud-Ouest.
Première étape : la Toscane française et, à sa porte d’entrée, Lectoure, dans le Gers. C’est là qu’est préservé un savoir-faire qui fit autrefois la richesse de Toulouse et du Lauragais : le bleu pastel.
La plante Isatis Tinctoria, ou guède, est introduite en Europe au Moyen Âge et permet de teindre les tissus dans le plus beau des bleus !
Cette teinture fait la renommée et la richesse de Toulouse ainsi que de tout le Lauragais, pendant 3 siècles. Elle confère même à la région le surnom de Pays de Cocagne ! Mais le processus de fabrication du pastel étant long et coûteux, il finit par être remplacé par l’indigo importé des colonies.
C’est cette histoire et ce savoir-faire, qu’Henri Lambert, fondateur du Bleu de Lectoure, a voulu faire revivre en 1994. Il réimplante la culture de la guède dans le Gers et crée des pigments, des objets et des tissus Pastel.
Deuxième étape en Occitanie, aux sources du Canal du Midi, à Revel-Saint-Ferréol, connue pour être la ville du meuble d’art.
Tout commence en 1888, lorsque l’ébéniste Alexandre Monoury, Compagnon du Tour de France, s’installe à Revel. Il forme plusieurs artisans à son art et celui de la marqueterie. Grâce à cette transmission, la ville devient, dès les années 1930, la ville du meuble d’art. Revel rassemble alors tous les métiers d’art liés à ce savoir-faire : ébénistes et marqueteurs bien sûr, mais également ciseleurs, laqueurs, graveurs, décorateurs, ferronniers ou encore tapissiers… La ville continue aujourd’hui à soutenir cette création et possède ainsi le label « Ville et Métiers d’Art ».
Dernière étape en Occitanie, au pied des Pyrénées, dans la ville de Prades, à la découverte du grenat catalan.
Cette pierre rouge est exploitée en pays catalan depuis l’Antiquité, grâce au sol riche en fer qui en produit en grande quantité. La particularité du grenat catalan est d’avoir conservé une taille de la pierre héritée des Grecs. Pour obtenir son éclat emblématique, le grenat est taillé uniquement sur la face intérieure et placé dans une monture (chaton), au-dessus d’un paillon, feuille métallique polie qui renvoie la lumière.
C’est ce savoir-faire ancestral qui est désormais distingué par la protection d’indication géographique Grenat de Perpignan. Elle s’applique à toutes les créations des Pyrénées-Orientales qui respectent le cahier des charges. Ainsi, à Prades, ne manquez pas la visite de la Manufacture du Grenat, maison familiale fondée en 1945 par Georges Privat.
Enfin, bienvenue de l’autre côté de l’arc méditerranéen, en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. D’un contrefort montagneux à l’autre, passons des Pyrénées aux Alpes, pour découvrir Gréoux-les-Bains dans les Hautes-Alpes.
Cette station thermale provençale, dominée par le château des Templiers, a pour tradition annuelle lors des vacances de la Toussaint, l’organisation d’une foire aux santons. Les artistes santonniers de toute la Provence s’y rassemblent pour présenter leurs créations et permettre à chacun de préparer sa crèche pour Noël.
Deux grands ateliers de santons sont également présents à Gréoux à l’année : Truffier-Douzon et Marinacci. Ces deux fabricants réalisent leurs santons en respectant la plus pure tradition. Ils façonnent les figures en terre d’Aubagne et les peignent à la gouache ou les habillent en tenues locales.
Dernière étape de ce tour de France à Biot sur la célèbre Côte-d’Azur. Cette charmante cité médiévale, perchée sur une colline à quelques kilomètres du bord de la Méditerranée, offre à ses visiteurs la découverte d’un savoir-faire éblouissant : celui de souffleur de verre !
Cette épopée familiale commence en 1956 lorsqu’Eloi Monod installe sa verrerie à Biot. La marque de fabrique de la verrerie naît d’une erreur : l’insertion d’une bulle d’air dans le verre, c’est la naissance du verre bullé. Chaque pièce ainsi créée, dans la Verrerie de Biot, est unique. Un écomusée permet d’admirer les maîtres verriers en action et ainsi de mieux comprendre le processus de création des différentes pièces produites.
Article rédigé en partenariat avec J’aime mon patrimoine
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