Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, a durablement marqué le paysage français. Architecte, ingénieur et urbaniste, il excelle dans la construction d’ouvrages militaires, défensifs et offensifs. Maréchal de France, il dote la France d’une véritable ceinture de fer. Sur les ordres du roi Louis XIV, il construit trente places fortes et en réaménage plus de trois-cents.
Il reste de nombreux ouvrages construits par Vauban en France : cet ensemble se nomme le Pré Carré. Plus ou moins bien conservés, ils sont d’une importance patrimoniale capitale, rappellent le passé militaire du pays et les innovations créées par leur architecte. Douze fortifications sont par ailleurs inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Dans le département du Nord, la ville côtière de Gravelines arbore une fortification en étoile. Il s’agit de la seule ville fortifiée du pays encore entourée d’eau. Place forte depuis le règne de Charles Quint, la cité de Gravelines est modernisée par Vauban dès 1678.
Dans un premier temps, l’architecte fait élargir les remparts, ajoute des demi-lunes et change la destination du château médiéval : celui-ci devient un arsenal. De nouveaux bâtiments militaires mais aussi civils sont construits, dont des casernes ou encore un four à pain. C’est en 1699 que l’ensemble est paré d’une seconde ceinture en demi-lunes et d’une grande écluse de chasse. Ce système permet d’inonder les terrains entourant la ville en cas d’attaques.
Cette ville entourée d’eau se découvre donc aisément en bateau ou en barque, pour une promenade patrimoniale hors du temps. À l’embouchure du fleuve Aa, Gravelines possède une réserve ornithologique. La ville est également reconnue pour son beffroi, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais aussi pour son Phare ou encore son église Saint-Willibrord.
À Bergues, dans le Nord, se trouve une enceinte fortifiée édifiée par Vauban entre 1668 et 1699. Cette construction est très préservée ; elle fait partie d’un ensemble de fortifications militaires construites entre 1286 et 1741.
L’apport de Vauban aux défenses de Bergues se manifeste d’abord par la création d’un ensemble nommé Couronne Saint-Winoc. Non loin de l’abbaye éponyme, cet ouvrage consiste en un bastion et deux demi-bastions. Ce chantier, achevé en 1677, marque l’appartenance de Bergues à la seconde ligne de défense royale.
La seconde partie des travaux commence en 1699 et vise à la création de souterrains de communication, de fossés et à la modernisation des défenses hydrauliques. Des tours imposantes, comme la Nekestor, aux portes monumentales, comme la porte de Cassel, l’ensemble vaut le détour !
Profitez de votre passage à Bergues pour admirer son beffroi ou encore l’abbaye Saint-Winoc. Le Mont-de-piété de la ville, élevé au XVIIe siècle, abrite désormais le musée municipal, labellisé Musée de France. Les collections regroupent aussi bien des peintures et dessins que des objets d’histoire naturelle.
Montreuil-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, est une commune particulière : située à plus de 40 mètres au-dessus de la vallée de la Canche, il s’agit du seul port royal entre 927 et 1207. Dès le XIe siècle, des travaux de fortification du port débutent ; ils sont complétés par la création d’une citadelle en étoile dès 1567, puis par des ouvrages plus modernes au XVIIe siècle.
Lorsque Vauban intervient en 1675, il s’agit pour lui de perfectionner le bâti existant. Cette place-arrière du Pré Carré est alors pourvue d’un chemin couvert entourant les fossés. Les fortifications de Montreuil-sur-Mer sont remaniées de nombreuses fois jusqu’à la fin du XIXe siècle ; l’ensemble est aujourd’hui ouvert à la visite.
De passage à Montreuil-sur-Mer, ne manquez pas l’abbatiale Saint-Saulve du XIIe siècle et les fameuses rues du Clape-en-Bas et du Clape-en-Haut : leurs charmantes maisons sauront vous séduire. Les plus gourmands profiteront des spécialités locales, comme le pâté Bécassine ou les chocolats Les Misérables.
Au cœur de la Moselle, la cité de Bitche est une ville bien défendue depuis le XIIe siècle. Reliée au duché de Lorraine, elle est prise par les troupes de Louis XIII en 1634. Louis XIV décide de moderniser les fortifications de la ville en 1681 : c’est le début de la construction de la citadelle de Vauban. Le chantier, qui dure jusqu’en 1687, permet d’ériger quatre bastions, un chemin couvert ou encore des souterrains.
La citadelle de Vauban est malheureusement détruite entre 1697 et 1698 car la ville est cédée au Saint-Empire Romain Germanique. Lorsque la Louis XV reconquiert la ville en 1737, l’architecte Louis de Cormontaigne est chargé de reconstruire la citadelle. Le nouveau lieu de défense revêt une forme différente de celui de Vauban : de forme allongée, la citadelle n’est pourvue que de deux bastions.
Aujourd’hui pourvue d’un musée dédié, on peut aussi y admirer une chapelle récemment restaurée. En contrebas de la citadelle, profitez d’une pause bucolique en vous promenant dans le Jardin pour la Paix.
À la confluence de la Moselle et de l’Ingressin, en Meurthe-et-Moselle, la ville de Toul est fortifiée depuis le IIIe siècle ! Unique ville de Lorraine encore dotée d’une enceinte, Toul peut se prévaloir de posséder un ouvrage Vauban très bien conservé, dont le chantier de construction débute le 12 mai 1700.
Après la destruction des anciennes défenses, Vauban fait ériger une enceinte qui englobe la ville et ses faubourgs. La ville est entourée d’écluses et de remparts, ainsi que de bastions. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, des casernes sont ajoutées et les fortifications sont modernisées jusqu’au XIXe siècle.
Pour en apprendre davantage sur Toul, rendez-vous au Musée d’Art et d’Histoire Michel Hachet ! Ses collections, réparties en 25 salles, retracent l’histoire de la ville de la préhistoire à l’époque contemporaine. On peut notamment y admirer de la céramique de Toul-Bellevue, célèbre manufacture à laquelle l’artiste décorateur Auguste Majorelle a collaboré au XIXe siècle.
La réserve naturelle de la Pointe du Givet, dans les Ardennes, abrite une place forte depuis 1555 : il s’agit de la citadelle de Charlemont, construite sous les ordres de Charles Quint.
Louis XIV prend possession de la forteresse en 1680 : les travaux de modernisation de Vauban débutent alors. Il fait construire une redoute en lieu et place de l’ancienne tour de guet ; ajoute deux casernes et un hôpital militaire. Afin de protéger les hauteurs de la cité, l’architecte installe un camp retranché sur le plateau du Mont d’Haurs, en 1697. Givet bénéficie d’une protection naturelle grâce aux falaises qui la bordent : pour renforcer ces défenses, des remparts et des redoutes sont érigés.
Férus d’histoire et de nature, ce site est fait pour vous ! La réserve naturelle permet l’observation de la faune et de la flore tandis que la citadelle vous fait voyager dans le temps. Poursuivez l’aventure à Givet en visitant la chapelle Notre-Dame de Walcourt, construite en 1602. Elle a pour spécificité d’avoir été utilisée à la fois pour le culte catholique, orthodoxe et protestant. Enfin, découvrez le chocolat local, au nom enchanteur : la pierre bleue de Givet.
La citadelle de Sisteron, perchée sur un éperon rocheux, domine la vallée de la Durance. Construit entre le XIIIe et le XIXe siècles, cet édifice impressionnant s’étend sur 10 hectares. L’intervention de Vauban a lieu en 1692 : la ville vient d’être envahie par les troupes du duc de Savoie, Victor Amédée II. L’architecte militaire pense un projet pharaonique, mais le roi ne lui donne pas assez de moyens financiers pour le chantier. Vauban se limite alors à la construction d’une poudrière et d’un puits. Au XIXe siècle, le projet de l’architecte de Louis XIV est repris : les courtines sont relevées, des casemates sont construites, de même qu’une citerne.
La citadelle est ouverte à la visite : découvrez son histoire en parcourant les différentes salles de son musée. Elle est accessible depuis la ville de Sisteron via un escalier souterrain construit lors des derniers travaux.
Après votre périple, n’hésitez pas à visiter la Cathédrale Notre-Dame-des-Pommiers et Saint-Thyrse, qui date du XIIe siècle et qui abrite une riche collection de tableaux, dont deux toiles du peintre Nicolas Mignard.
Article rédigé en partenariat avec J’aime mon patrimoine
Vous aimerez aussi
patrimoine
Détours au Moyen Âge
patrimoine
Détours par les petites Venise de France
patrimoine
Au détour des châteaux bretons
patrimoine